LE FESTIVAL DU LIVRE NICE

Edition 2024

HUIT ROMANS EN LICE POUR LE PRIX NICE BAIE DES ANGES 2024

Mar 11, 2024 8 min

HUIT ROMANS EN LICE POUR LE PRIX NICE BAIE DES ANGES 2024

Temps de lecture : 8 minutes

 

Huit romans ont été sélectionnés par les membres du jury du prix Nice Baie des Anges à la Bibliothèque Romain Gary, ce mardi 12 mars, pour le rendez-vous annuel du prix littéraire de la Ville de Nice dédié au roman. Parrainé et doté par la ville de Nice ce prix récompense un roman paru dans les douze mois précédant le Festival du Livre de Nice.

Le prix Nice Baie des Anges sera attribué au lauréat 2023 le 16 mai, puis remis le vendredi 31 mai par Christian Estrosi, Maire de Nice, lors d’une cérémonie officielle en ouverture de la 28e édition du Festival du Livre qui se tiendra du 31 mai au 2 juin.

La sélection :

Au-dedans, Yannick GRANNEC (Anne Carrière)
Chaleur humaine, Serge JONCOUR, (Albin Michel)
Dans le ventre de Klara, Régis JAUFFRET (Récamier)
Jusqu’à ce que mort s’ensuive, Olivier ROLIN (Gallimard)
L’inconnue du portrait, Camille DE PERETTI (Calmann-Lévy)
La langue des choses cachées, Cécile COULON (L’Iconoclaste)
La Louisiane, Julia MAYLE (Stock)
La maîtresse italienne, Jean-Marie ROUART, de l’Académie française (Gallimard)

Le jury : Présidé par Franz-Olivier Giesbert, le jury réunit les écrivains, Paule Constant, de l’académie Goncourt, Irène Frain, Aurélie de Gubernatis, Didier van Cauwelaert, Laurent Seksik, Jean-Lug Gagliolo, Adjoint au maire de Nice et Nicolas Galup. Un jury de dix lecteurs, amoureux des livres et des mots, est également associé aux délibérations. Le lauréat sera annoncé le 16 mai.

Le Prix Nice Baie des Anges sera décerné le vendredi 31 mai par Christian Estrosi, en ouverture de la 28e édition du Festival du Livre de Nice (31 mai, 1er & 2 juin 2024).

Depuis sa création en 1996, ce prix littéraire a couronné les romanciers : Patrick Renaudot, Raoul Mille, Franz-Olivier Giesbert, Gérard de Cortanze, Claude Imbert, Jean-Noël Pancrazi, Paula Jacques, Vénus Khoury-Ghata, Richard Millet, Eric Fottorino, Jean-Paul Enthoven, Didier van Cauwelaert, Saphia Azzeddine et René Frégni, Daniel Cordier, Laurent Seksik, Aurélie Hustin de Gubernatis, Romain Slocombe, Valérie Tong Cuong, Sylvain Tesson, Jérôme Garcin, Akli Tadjer, Barbara Israël, Jean Siccardi, Daniel Picouly, Jean-Luc Barré, David Foenkinos et Thierry Vimal, Philippe Besson.

LES HUIT LIVRES « COUP DE CŒUR » DES MEMBRES DU JURY

Franz-Olivier Giesbert, président du jury a sélectionné La Louisiane, de Julia MAYLE (Stock)

« Pour la première fois depuis trois mois, elles discernent enfin le sable que leur cachait l’eau lors de la traversée de l’Atlantique, ce fond de l’océan qu’elles ont brièvement aperçu ce matin en débarquant de La Baleine. Personne ne leur a expliqué où elles seraient logées ce soir, dans combien de temps elles seraient fiancées. On ne dit pas tout aux femmes. » Paris, 1720. Marguerite Pancatelin, la Supérieure de la Salpêtrière, est mandatée pour sélectionner une centaine de femmes « volontaires » qui seront envoyées en Louisiane afin d’y épouser les colons français. Parmi elles, trois amies improbables : une orpheline de douze ans à la langue bien pendue, une jeune aristocrate désargentée et rejetée par sa famille ainsi qu’une femme condamnée pour avortement. Comme leurs compagnes à bord de La Baleine, Charlotte, Pétronille et Geneviève ignorent tout de ce qui les attend au-delà des mers. Et n’ont pas leur mot à dire sur leur avenir. Ces étrangères réunies par le destin devront braver l’adversité – maladie, guerre, patriarcat –, traverser une vie faite de chagrins d’amour, de naissances et de deuils, de cruauté et de plaisirs inattendus. Et d’une amitié forgée dans le feu. 

Un roman d’une profondeur et d’une émotion saisissantes, qui nous transporte au cœur d’une terre impitoyable, aux côtés d’héroïnes animées d’une extraordinaire soif d’amour et de vie.

Paule Constant, de l’académie Goncourt, a sélectionné La maîtresse italienne, de Jean-Marie ROUART, de l’Académie française (Gallimard)

Belle, jeune, légère, la comtesse Miniaci est au cœur d’une énigme historique de première grandeur. Quel fut son rôle dans l’évasion épique de Napoléon de l’île d’Elbe ? Sans elle, l’Empereur n’aurait pu tromper la surveillance de tous ceux qui guettaient le moindre de ses mouvements. Particulièrement le jeune colonel Neil Campbell, chargé par les Anglais d’empêcher sa fuite. Dans quelle mesure la passion de l’officier britannique pour la belle Florentine a-t-elle permis de déjouer les plans des puissances alliées engagées au congrès de Vienne dans des négociations aussi âpres le jour qu’agrémentées, la nuit, de fêtes, de complots et d’intenses échanges amoureux ? Cette passion torride entre le colonel et la séduisante comtesse ne fut-elle pas un piège ? Et tendu par qui ? Seule certitude, sans la comtesse Miniaci la formidable épopée des Cent-Jours, l’invasion d’un pays par un seul homme, n’eût pas été possible.

Irène Frain a sélectionné L’inconnue du portrait, de Camille DE PERETTI (Calmann-Lévy)

«  La toile vibrait de beauté. Elle en avait le souffle coupé et se noyait dans l’œil bleu ciel piqueté de vert. Est-ce qu’elle était réellement le sosie de cette inconnue ?  »
Peint à Vienne en 1910, le tableau de Gustav Klimt Portrait d’une dame est acheté par un collectionneur anonyme en 1916, retouché par le maître un an plus tard, puis volé en 1997, avant de réapparaître en 2019 dans les jardins d’un musée d’art moderne en Italie.
Aucun expert en art, aucun conservateur de musée, aucun enquêteur de police ne sait qui était la jeune femme représentée sur le tableau, ni quels mystères entourent l’histoire mouvementée de son portrait.
Des rues de Vienne en 1900 au Texas des années 1980, du Manhattan de la Grande Dépression à l’Italie contemporaine, Camille de Peretti imagine la destinée de cette jeune femme, ainsi que celles de ses descendants. Une fresque magistrale où se mêlent secrets de familles, succès éclatants, amours contrariées, disparitions et drames retentissants.

Aurélie de Gubernatis a sélectionné Au-dedans, de Yannick GRANNEC (Anne Carrière)

Le surnom de « reine des glaces » colle à la peau de Christa Cristofersson, une ingénieure renommée de la Silicon Valley. Au-dedans, pourtant, elle vibre intensément. Mais l’émotivité est un luxe qu’elle ne peut se permettre.
Elle dirige une entreprise de biotechnologies, maudit le jour où elle a rencontré son ex-mari, tente d’élever du mieux possible ses jumeaux, se bagarre avec son vieux bougon de père qui tempête contre notre monde de technologies déshumanisantes et, de temps en temps, elle rend visite à sa mère, qui végète dans un hôpital psychiatrique.
Au hasard d’un test génétique, Christa découvre que toute sa mythologie familiale repose sur une erreur. Sa mère ne l’a pas abandonnée à la naissance pour une quête de plaisirs superficiels, mais a en réalité sombré à cause d’une maladie jamais diagnostiquée : une dégénérescence neurologique qui la prive de l’accès à ses émotions.
Christa est porteuse du même gène altéré et, potentiellement, de la même maladie incurable. Seule la présence à ses côtés d’un compagnon qui la connaîtrait intimement au point de pouvoir stimuler ses souvenirs et ses circuits émotionnels pourrait retarder l’échéance.
Christa ne croit pas en l’existence de l’âme sœur, mais elle croit en la science, alors, cette âme sœur, elle va la créer.
Avec Au-dedans, Yannick Grannec affronte une des plus grandes préoccupations contemporaines. S’il ne convient pas de la nommer ici, on peut suggérer que l’ombre de Mary Shelley plane sur ce roman visionnaire.

Didier van Cauwelaert a sélectionné Chaleur humaine, de Serge JONCOUR (Albin Michel)

Ceci est un roman total.

Entrelaçant l’histoire du monde et une histoire de famille, il embrasse notre présent et nos fautes passées.

En quelques semaines, du début du mois de janvier 2020 à la fin du mois de mars, le quotidien d’une famille française va basculer en même temps que l’humanité. Fuyant le confinement urbain, Vanessa, Caroline et Agathe se réfugient aux Bertranges, une ferme du Lot entre les collines et la rivière, où leurs parents vivent toujours. Les trois sœurs y retrouvent Alexandre, ce frère si rassurant avec qui elles sont pourtant en froid depuis quinze ans, ainsi que des animaux qui vont resserrer les liens du clan. Tandis que, du dérèglement climatique aux règlements de compte, des épidémies aux amours retrouvées, la nature reprend ses droits, ces hommes et ces femmes vont vivre un huis clos d’une rare intensité.

Avec Chaleur humaine, Serge Joncour nous tend un miroir vertigineux et, ce faisant, il ajoute une pierre essentielle à son œuvre.

Laurent Seksik a sélectionné Jusqu’à ce que mort s’ensuive, de Olivier ROLIN (Gallimard)

« Ceux devant qui se sont dressés, sous l’éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d’œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais » : Victor Hugo, dans un chapitre des Misérables, évoque ainsi les deux plus formidables barricades de l’insurrection parisienne de juin 1848, dont il fut un témoin et même un acteur. À la tête de l’une un « gamin tragique », ouvrier mécanicien, derrière l’autre un géant truculent, ex-officier de marine.
Emmanuel Barthélemy, l’ouvrier, et Frédéric Cournet, le marin, ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé. Ils ont beau se battre du même côté en ces jours de sang, ils vont devenir des ennemis mortels. Hugo résume leur destinée furieusement romanesque en quelques lignes qui m’ont donné envie de reconstituer du début jusqu’à la fin, de Paris à Londres, l’histoire croisée de ces deux figures oubliées des révolutions du dix-neuvième siècle. On y voit des barricades, le bagne, des évasions, un coup d’État, un duel à mort, plusieurs meurtres, le gibet, et des comparses comme Karl Marx et Napoléon III. Et Hugo lui-même, excusez du peu.
C’est ce livre. »

Jean-Luc Gagliolo a sélectionné La langue des choses, de Cécile COULON (L’Iconoclaste)

À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit :  » Ne laisse jamais de traces de ton passage.  » Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.


Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes. Elle est l’autrice de Une bête au Paradis, Prix littéraire du Monde, Trois saisons d’orage, prix des Libraires, et du recueil de poèmes Les Ronces, prix Apollinaire. Avec La Langue des choses cachées, ses talents de romancière et de poétesse se mêlent dans une œuvre littéraire exceptionnelle.

Nicolas Galup a sélectionné Dans le ventre de Klara, de Régis JAUFFRET (Récamier)

De juillet 1888 à avril 1889, Klara Hitler porte dans son ventre celui qui est destiné à devenir l’incarnation du mal absolu. Pour la première fois, la mère du monstre prend la parole sous la plume magistrale de Régis Jauffret, et nous confie le récit de sa grossesse funeste. 
Neuf mois de violence et de religiosité étouffante, desquels naîtra celui qui incarnera le nazisme et la Shoah. Neuf mois durant lesquels Klara est traversée, habitée, possédée déjà par l’innommable, partagée entre l’amour pour son enfant à venir et les visions qu’elle reçoit malgré elle des crimes que ce fœtus, une fois devenu homme, commettra contre l’humanité tout entière.
Peu d’auteurs ont su explorer l’indicible avec le génie narratif dont fait preuve Régis Jauffret. Lui seul pouvait faire ce voyage dans les abysses, avec la conscience que seule la littérature peut explorer profondément l’âme humaine.
Un roman sombre, violent et magnifique.