HUIT ROMANS EN LICE POUR LE PRIX NICE BAIE DES ANGES 2023
Temps de lecture : 11 minutesHuit romans ont été sélectionnés par les membres du jury du prix Nice Baie des Anges à la Bibliothèque Romain Gary, ce vendredi 17 mars, pour le rendez-vous annuel du prix littéraire de la Ville de Nice dédié au roman. Parrainé et doté par la ville de Nice ce prix récompense un roman paru dans les douze mois précédant le Festival du Livre de Nice.
Le prix Nice Baie des Anges sera attribué au lauréat 2023 le 17 mai, puis remis le vendredi 2 juin par Christian Estrosi, Maire de Nice, lors d’une cérémonie officielle en ouverture de la 27e édition du Festival du Livre qui se tiendra du 2 au 4 juin.
La sélection :
– Avers. Des nouvelles des indésirables, J. M. G. LE CLÉZIO (Gallimard)
– Avalanche, Raphaël HAROCHE, (Gallimard)
– La douceur, Etienne de MONTETY (Stock)
– Ceci n’est pas un fait divers, Philippe BESSON (Julliard)
– Aranea. La légende de l’Empereur, Alexandre MURAT (Fleuve Noir)
– La malédiction de la Madone, Philippe VILAIN (Robert Laffont)
– Tous immortels, Paul PAVLOWITCH (Buchet Chastel)
– Chant balnéaire, Olivier ROHE (Allia)
Le jury : Présidé par Franz-Olivier Giesbert, le jury réunit les écrivains, Paule Constant, de l’académie Goncourt, Irène Frain, Aurélie de Gubernatis, Didier van Cauwelaert, Laurent Seksik, Jean-Lug Gagliolo, Adjoint au maire de Nice et Nicolas Galup. Un jury de dix lecteurs, amoureux des livres et des mots, est également associé aux délibérations. Le lauréat sera annoncé le 17 mai.
Le Prix Nice Baie des Anges sera décerné le vendredi 2 juin par Christian Estrosi, en ouverture de la 27e édition du Festival du Livre de Nice (2, 3 & 4 juin 2023).
Depuis sa création en 1996, ce prix littéraire a couronné les romanciers : Patrick Renaudot, Raoul Mille, Franz-Olivier Giesbert, Gérard de Cortanze, Claude Imbert, Jean-Noël Pancrazi, Paula Jacques, Vénus Khoury-Ghata, Richard Millet, Eric Fottorino, Jean-Paul Enthoven, Didier van Cauwelaert, Saphia Azzeddine et René Frégni, Daniel Cordier, Laurent Seksik, Aurélie Hustin de Gubernatis, Romain Slocombe, Valérie Tong Cuong, Sylvain Tesson, Jérôme Garcin, Akli Tadjer, Barbara Israël, Jean Siccardi, Daniel Picouly, Jean-Luc Barré, David Foenkinos et Thierry Vimal.
LES HUIT LIVRES « COUP DE CŒUR » DES MEMBRES DU JURY
Franz-Olivier Giesbert, président du jury a sélectionné Avers. Des nouvelles des indésirables, de J. M. G. LE CLÉZIO (Gallimard)
« Pour moi, l’écriture est avant tout un moyen d’agir, une manière de diffuser des idées. Le sort que je réserve à mes personnages n’est guère enviable, parce que ce sont des indésirables, et mon objectif est de faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte face à l’injustice de ce qui leur arrive.»
J. M. G. LE CLÉZIO
J. M. G. Le Clézio est né à Nice en 1940. Il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 2008
Paule Constant, de l’académie Goncourt, a sélectionné Avalanche, de Raphaël HAROCHE, (Gallimard)
« Entre éclairs de tendresse et débordements de cruauté, ce roman poignant et mélancolique est une chronique bouleversante de affres de l’adolescence que le narrateur traite avec une sensibilité exquise. Après Une éclipse et Retourner à la mer (prix Goncourt de la nouvelle 2017), Avalanche est le premier roman du musicien et nouvelliste Raphaël Haroche ».
Paule Constant, de l’académie Goncourt
« Le zombie, bien sûr, c’est mon Nicolas qui se tient au centre du cercle de la cour du rocher, à genoux, courbé, rachitique, sa colonne dessinant un z, tordue comme le dos flagellé d’un martyr, semblant servir de paratonnerre à l’orage qui tarde à venir, à la colère de l’internat, sa république d’enfants cruels.
Mon Nicolas avec sa morphologie bizarre, dérangeante, exposée aux yeux de tous, créature qu’on pensait éteinte, disparue dans les forêts de Lituanie et de Pologne avec les golems et les dibbouks. »
Automne 1989. Après l’accident de voiture qui a coûté la vie à sa mère, un collégien en perte de repères intègre avec son petit frère un pensionnat pour familles riches, perché sur les flancs d’une montagne. Plus rien ne sera comme avant.
Entre éclairs de tendresse et débordements de cruauté, ce roman singulier et mélancolique est une chronique bouleversante de l’adolescence.
Raphaël Haroche a publié deux recueils de nouvelles, Une éclipse et Retourner à la mer (prix Goncourt de la nouvelle 2017). Avalanche est son premier roman.
Irène Frain a sélectionné La douceur, de Etienne de MONTETY (Stock)
« Le fil narratif de « La douceur » d’Etienne de Montety est l’histoire d’un livre. Un livre dans le livre, en somme. Celui que le narrateur — un esthète un peu blasé, un brin léger — décide d’écrire à cause d’une fleur. Lors d’un voyage de presse en Australie, il a rencontré May, une septuagénaire passionnée de roses dont l’extraordinaire aura l’intrigue. Il pressent vite que son étrange présence-absence est un rempart qu’elle a dressé devant elle pour éviter d’avoir à évoquer l’indicible : l’enfer qu’elle a vécu, jeune adolescente, derrière les barbelés de Ravensbruck. Comment expliquer que May ait réussi la prouesse de transformer cette horreur en douceur ? D’où lui vient cette stupéfiante élégance d’âme ? Et pourquoi les roses ? Avec une amie, le narrateur parvient à l’approcher puis à l’apprivoiser. May lui confie ses archives : une incroyable leçon de vie. Bientôt un livre naît, dont nous suivons la genèse au fil des pages. En ces jours où le tragique de l’Histoire resurgit, une bien précieuse allégorie de la condition humaine : qui va gagner, du Mal absolu ou du miracle des roses ? »
Irène Frain
À la 23e World Rose Convention, en Australie, le narrateur, journaliste français dans un magazine d’art de vivre, et Barbara, reporter allemande du Die Berliner, vont éprouver la même fascination pour la présidente de l’événement, May de Caux. Cette Française au charme insolite cache une part d’ombre qu’ils vont bientôt découvrir : le passé douloureux qui la hante. De leur complicité grandissante va naître le projet d’un livre. Reste à vaincre les réticences de May, ancienne résistante et déportée.
Pour Barbara, jeune femme d’une autre génération, pour l’indispensable transmission, elle va consentir à raconter : Ravensbrück à dix-huit ans, la souffrance, les amitiés, les petites joies et les grandes difficultés. Et l’après, le corps qui a perdu la mémoire de la tendresse, malgré l’attention de son mari, Paul. La vie de femme bouleversée. « Je sais que Paul devine les ombres qui ne me quittent pas, sur lesquelles personne n’a de prise. Notre harmonie n’est pas complète. Une partie de moi se refuse. Je lui donne la plus belle, la plus aimable. Il connaît le combat que je mène depuis vingt-cinq ans contre les fantômes. »
Et puis, il y a le souvenir de cette rose cueillie à Ravensbrück, improbable éclat coloré dans le gris funeste, la beauté dans la monstruosité à l’origine de sa renaissance. May est passée de l’horreur à la délicatesse des fleurs, et à l’amour.
Le livre s’appellera La Douceur.
Etienne de Montety dirige Le Figaro littéraire. Il est l’auteur de plusieurs romans dont La Route du salut (2009, Prix des Deux-Magots), L’Amant noir (2013, Prix Jean-Freustié) et, chez Stock, La Grande Épreuve (Grand prix du roman de l’Académie française en 2020).
Aurélie de Gubernatis a sélectionné Aranea. La légende de l’Empereur, de Alexandre MURAT (Fleuve Noir)
« Aranea la légende de l’Empereur » est le premier roman d’Alexandre Murat, descendant direct du maréchal d’Empire Murat, beau-frère de Napoléon. Bercé par l’histoire de sa famille, l’auteur nous livre ici un thriller historique dynamique faisant naviguer le lecteur entre le passé et le présent, la réalité et la fiction. Il est évoqué les derniers instants de la vie de Napoléon à Sainte Hélène et le soin tout particulier que celui-ci a pris pour transmettre 7 aigles en argent à ses proches, à charge par eux de créer une société d’initiés afin de les conserver et de protéger un secret enfoui profondément au cœur de la Grande Histoire de la campagne d’Egypte. Qui Napoléon a-t-il rencontré là-bas pour modifier à tout jamais la trajectoire de celui qui allait devenir Empereur ? La réponse semble se trouver dans ces aigles en argent, objets de toutes les convoitises et symboles de la puissance suprême.
Alex, professeur d’histoire des civilisations et Mary, directrice d’une agence de sécurité vont unir leur talents et mener l’enquête pour tenter de satisfaire leur employeur, James Wisslemore, un milliardaire américain prêt à tout pour les retrouver.»
Aurélie de Gubernatis
Et si les aigles de Napoléon recelaient un secret que personne n’avait osé imaginer ?
Mai 1821. Napoléon sent la mort arriver. Avant de s’éteindre, il ordonne que sept aigles en argent bien particuliers soient distribués à des proches, initiés au grand secret qu’ils recèlent.
Novembre 2018. Alex, professeur réputé d’Histoire des Civilisations, et Mary, intrépide détective privée, sont embauchés par un milliardaire américain pour retrouver les aigles qui doivent mener à un mystérieux trésor.
Face à Alex et Mary se dresse un adversaire de taille, Horacio del Monte, un des plus grands trafiquants d’art du monde. Il est également sur la piste des aigles, car ils doivent mener selon lui aux joyaux de la couronne d’Espagne, dont on soupçonne qu’ils ont été volés par Joseph Bonaparte lors de son règne sur ce pays. Au-delà de l’appât du gain, l’obtention de ce trésor espagnol serait le point culminant de sa carrière et de sa vanité sans borne.
Alex et Mary vont devoir affronter de multiples obstacles et des adversaires déterminés avant de pouvoir percer l’un des plus grands mystères que Napoléon et sa famille aient voulu dissimuler aux yeux du monde.
Alexandre Murat est un descendant direct du maréchal Murat, beau-frère de Napoléon. Passionné d’histoire, il s’intéresse aux civilisations perdues, et bien sûr à l’histoire de l’Empire qui a bercé son enfance. Ce thriller historique est né d’un objet transmis de génération en génération : un aigle en argent qui provient de l’argenterie de Napoléon à Sainte-Hélène et que l’auteur a en sa possession.
Didier van Cauwelaert a sélectionné Tous immortels, de Paul Pavlowitch (Buchet Chastel)
« Tous immortels » n’est pas un roman, mais raconte l’histoire la plus romanesque qui soit : la fabrication d’un personnage «réel» issu d’une fiction. Ou comment Romain Gary, pour donner corps à son pseudonyme Émile Ajax, transforme son cousin Paul en vedette-surprise du monde littéraire . Quand l’imposture est le dernier recours de la vérité intérieure… »
Didier van Cauwelaert
Quarante ans après l’Affaire Ajar, le dernier témoin et protagoniste de cette légendaire invention littéraire, celui qu’on appelait Emile Ajar, prend la parole. Paul Pavlowitch, cousin de Romain Gary, se souvient de ceux qui ont partagé sa vie, les deux icônes Romain Gary et Jean Seberg. Il raconte le destin magnifique et terrible de ces deux personnalités extraordinaires. En toile de fonds de cette vie intime, est dépeinte avec une grande précision documentaire, la seconde moitié du Vingtième siècle depuis la jeunesse de Gary et celle de Seberg, de la Lituanie aux Etats-Unis, période emplie de conflits armés, de répression puritaine et politique, de racisme mais aussi de liberté.
L’auteur fait revivre ces personnes tant aimées, parcourt sa mémoire et ses carnets de notes de toujours, rassemble les pièces de leurs existences et donne des clefs pour comprendre comment ces deux êtres d’exception ont tant brillé avant de disparaître tragiquement.
Un texte puissant littérairement qui célèbre le souvenir d’une « tribu » telle que la nommait Gary, une étrange famille qui a bousculé l’histoire de la littérature française.
Paul Pavlowitch est écrivain. Tous Immortels est son septième livre et le premier aux éditions Buchet-Chastel. Il a incarné le personnage d’Emile Ajar – pseudonyme de Romain Gary, son cousin – de 1973 à 1981, mort de Romain Gary.
Laurent Seksik a sélectionné La décision, de Karine TUIL (Gallimard)
« Une fille de 13 ans, et un garçon de 19, apprennent la nouvelle de l’assassinat de leur mère par leur père. Tous deux doivent abandonner leur rêve d’adolescent et réapprendre à vivre. Inspiré d’une histoire vraie, Philippe Besson raconte de manière poignante dans « ceci n’est pas un fait divers », le point de vue inédit des deux autres victimes d’un meurtre atroce en plongeant dans leur bouleversant quotidien des jours d’après. »
Laurent Seksik
« Papa vient de tuer maman. »
Passé la sidération, deux enfants brisés vont devoir se débattre avec le chagrin, la colère, la culpabilité. Et réapprendre à vivre.
Philippe Besson s’empare d’un sujet de société qui ne cesse d’assombrir l’actualité : le féminicide. En romancier du sensible, il y apporte un éclairage singulier, adoptant le point de vue des enfants des mères tuées par leur conjoint, dont on ne parle que trop rarement. Avec pudeur et sobriété, ce roman, inspiré de faits rééls, raconte la difficulté de vivre l’après, pour ces victimes invisibles.
Auteur de premier plan, Philippe Besson a publié aux éditions Julliard une vingtaine de romans, dont, Son frère adapté au cinéma par Patrice Chéreau, L’Arrière-saison (Grand Prix RTL-Lire), Arrête avec tes mensonges adapté au cinéma par Olivier Peyon (prix Maison de la Presse), Le Dernier Enfant et Paris-Briançon (paru chez Pocket).
Jean-Luc Gagliolo a sélectionné La malédiction de la Madone, de Philippe VILAIN (Robert Laffont)
« La malédiction de la Madone, c’est una storia meravigliosa, portée par l’élégante et subtile écriture de Philippe Vilain. C’est le roman des paradoxes et des contrastes, à l’image de Naples, omniprésente. Sur fond de foi catholique et de mafia, c’est le récit poétique d’une violente vengeance, que l’on se surprend à comprendre, à encourager et à justifier. C’est la vengeance de Pupetta, divine victime et actrice de son destin tragique.»
Jean-Luc Gagliolo
Assunta Maresca, dite Pupetta – la « petite poupée » en italien – grandit à Naples, dans les années 1950, sous l’influence d’un père mafioso. Mais Pupetta ne craint rien, et encore moins les hommes qui l’entourent.
À dix-neuf ans, elle participe à un concours de beauté, et son destin bascule. Elle y rencontre l’homme de sa vie, Pasquale Simonetti, un jeune boss de la Camorra, qui tombe lui aussi sous le charme de cette Napolitaine sulfureuse. Une fois le mariage officialisé, rien ni personne ne semble pouvoir contrarier le bonheur de ce couple…Mais c’était compter sans l’assassinat brutal de Pasquale, quatre-vingts jours après la cérémonie. Pupetta mène alors sa propre vendetta : à vingt-ans, enceinte de six mois, elle tire sur le meurtrier de son mari, avant d’être incarcérée.
De son adolescence à sa sortie de prison, six ans après le meurtre, la vie de Pupetta affole la rumeur de la ville. Car cette madone, au destin singulier, incarne à la fois le courage et l’honneur, la passion et l’héroïsme, mais aussi toute l’ambiguïté de Naples, qui, par-delà le Bien et le Mal, cherche une justice et une morale particulières dans une société gangrénée par le vice.
Inspiré de faits réels, Une douce vengeance est à la fois le portrait fidèle de cette femme iconique, mais également la peinture de la Naples des années 1950 et une immersion au cœur de la Camorra.
Philippe Vilain est l’auteur de nombreux romans, comme Paris l’après-midi (Grasset, 2005, prix François-Mauriac), Pas son genre (Grasset, 2011, adapté au cinéma), La Femme infidèle (Grasset, 2013, prix Jean-Freustié) et Un matin d’hiver (Grasset, 2020), ainsi que d’essais remarqués. Il dirige la collection « Narratori francesi contemporanei » aux éditions Gremese à Rome.
Nicolas Galup a sélectionné Chants balnéaire, de Olivier Rohe (Allia)
« La langue sublime d’Olivier Rohe raconte la guerre civile au Liban dans les yeux et les sensations de l’adolescent qu’il était. Contraint de quitter le confortable domicile familial pour un bungalow dans une station balnéaire, le héros découvre un monde étranger sous la pression de la guerre qui approche. Mais l’adolescence reste une période d’émoi, d’amitiés où les expériences survivent malgré le chaos tout proche. »
Nicolas Galup
Quatre Blocs de bungalows, trois piscines, un bassin olympique, une plage, une jetée.
Deux sous-sols.
C’est la station balnéaire.
Dedans l’adolescent, sa mère, sa sœur.
Ils ont fui Beyrouth Ouest.
La guerre est à vingt kilomètres.
Dans ce décor restreint, vide l’hiver et plein l’été, le narrateur vit en marge du temps, seul ou en meute, toujours en échec scolaire, toujours entouré des miliciens de la station balnéaire. Soumis à une violence latente, puis omniprésente, qui façonne les manières de penser, de sentir et de dire, les corps s’éprouvent et se construisent ; les amitiés, l’insouciance, les fugues restent possibles.
Chant balnéaire est le récit épique d’une expérience de la guerre civile qui se confond sans cesse avec la vie ordinaire et d’une vie ordinaire qui s’obstine à persister dans la guerre.
Oliver Rohe est né en 1972 à Beyrouth, d’un père allemand et d’une mère libanaise, et vit en France depuis 1990. Membre fondateur du collectif et des éditions Inculte, il écrit également des pièces radiophoniques et collabore à plusieurs revues. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, essais et fictions. Allia a publié ses deux premiers romans : Défaut d’origine (2003) et Terrain vague (2005).